Mon avis sur la présidentielle du 12 juillet 2009
Posté par aep1 le 27 juillet 2009
DECLARATION SUR L’ELECTION PRESIDENTIELLE DU 12 JUILLET 2009
Le 12 juillet 2009, les Congolais étaient appelés à élire leur Président pour un mandat de sept (7) ans, dans le cadre d’un processus électoral chaotique et vicié, au cours duquel la Constitution et la loi électorale n’ont jamais été respectées par l’un des candidats, M. Denis Sassou Nguesso, Président en exercice qui briguait un nouveau mandat. Pour éviter toute surprise désagréable, le président candidat avait pris soin de choisir ses concurrents via la Cour Constitutionnelle.
J’ai donc été éliminé de la course, pour des raisons bassement politiciennes, car le candidat président qui a une phobie atavique des élections, ne voulait prendre aucun risque, en affrontant un vrai challenger, disposant par ailleurs d’un potentiel électoral sûr et qui lui donnerait du fil à retordre.
Mais l’arbitraire et l’injustice dont l’UPADS, ses militants, ses sympathisants et moi-même avons été victimes, loin d’entamer ma détermination et mon engagement pour le pluralisme démocratique, m’ont au contraire convaincu de la noblesse et du caractère sacré de ce combat dans lequel je me suis investi à la fin des années 80.C’est pourquoi, au sein de mon parti l’UPADS, la vraie victime de ce complot permanent ourdi par le pouvoir, je me suis joint activement aux autres forces démocratiques et patriotiques, notamment aux candidats des partis du Front des Partis de l’Opposition Congolaise (FPOC), pour exiger une élection propre, le 12 juillet 2009.
Malgré toutes les démarches entreprises, le Président Sassou, plus préoccupé par son intérêt personnel que par l’intérêt national, a choisi de faire un passage en force, dans le seul but de se maintenir au pouvoir.Naturellement, l’UPADS, le principal parti de l’Opposition a appelé au boycott du scrutin du 12 juillet 2009, pour ne pas avoir à cautionner cette mascarade électorale. A cet égard, il n’est qu’à relever le caractère fantaisiste et erratique du corps électoral, fixé tantôt à 2.228.000 électeurs par le ministre de l’Administration du Territoire, tantôt à 1.800.000 électeurs par le président de la CONEL puis à 2.078.802 électeurs par le même ministre de l’Administration du Territoire, lors de la publication des résultats, pour se convaincre de la volonté manifeste du pouvoir de frauder.
Pour réaliser cet « hold-up » électoral, les membres de la CONEL tous rattachés hiérarchiquement au ministère de l’Administration du Territoire dont le titulaire est par ailleurs Secrétaire général à la Présidence de la République, les Préfets, Sous-préfets, Chefs de quartiers, Chefs de villages, Maires et Administrateurs-maires, étaient programmés pour assurer la victoire du Président candidat, duquel ils attendaient un retour d’ascenseur, à savoir, le maintien à leurs postes respectifs. Ainsi la falsification des résultats et le bourrage des urnes pour la plupart non scellées, ont transformé ces commis de l’Etat, en grands électeurs !Dès lors, ce scrutin sans règle devenait sans enjeu ou plutôt, son seul enjeu restait la réponse des électeurs à la consigne de boycott donnée par l’UPADS et les candidats des partis membres du Front des partis de l’opposition congolaise. Ainsi, le peuple congolais, la presse nationale et internationale, les acteurs politiques ainsi que les observateurs impartiaux, ont compris que le taux de participation était devenu l’unique enjeu de cette élection majeure.
Si de son côté, le pouvoir et ses lièvres électoraux, ont appelé le peuple à aller voter massivement, l’UPADS et l’Opposition, lui ont demandé de rester à la maison en signe de deuil national. Le pouvoir qui avait mobilisé des moyens humains et financiers de l’Etat pour sa campagne et qui se vantait d’avoir reçu des dons en argent des populations des différentes régions de notre pays, comme contribution à la campagne de son candidat, attendait avec assurance le taux de participation au soir du 12 juillet 2009.
La réponse du peuple congolais au pouvoir a été sans appel, il a choisi de ne pas se déplacer pour voter, les bureaux de vote sont restés partout déserts, donnant ainsi raison à l’Opposition.
En effet, le taux d’abstention, amplifié d’une part par l’invalidation de notre candidature, portée par de nombreux électeurs déçus d’avoir été privés de leur candidat d’autre part, se situe entre 90% et 95%. Il constitue un véritable camouflet pour le pouvoir et son candidat président qui ont été ainsi lourdement sanctionnés. Le plébiscite dont avait rêvé Monsieur Sassou à travers cette pseudo-élection s’est évanoui et s’est transformé en échec politique comme en 1992. Le général président avait rêvé d’Austerlitz, ce fut la Bérézina. Mais où donc sont-elles passées ces foules que l’on nous présentait comme la manifestation de l’attachement au président candidat ? Pourquoi n’ont-elles pas pris d’assaut les bureaux de vote après avoir reçu billets de banque, pagnes, chemises, tee-shirts, casquettes et autres gadgets ? Les caravanes bruyantes, les portraits géants du grand guide, « bâtisseur infatigable » omniprésents sur les panneaux et les façades des immeubles, les banderoles géantes barrant toutes les rues de nos villes et villages, n’ont-ils pas réussi à convaincre les électeurs ? Le message issu des urnes ce 12 juillet est on peut plus clair : le peuple congolais n’accorde plus sa confiance à un régime dictatorial et prévaricateur qui l’affame, entretient la peur et le maintient dans la pauvreté pour mieux l’asservir.
Sous d’autres cieux, le Président Sassou aurait démissionné après un désaveu aussi cinglant.Mais le Général Denis Sassou Nguesso a choisi la fuite en avant, en s’attribuant contre toute évidence et sans vergogne un taux de participation de 66,42% et un score de 78,6% ! Tout ceci est surréaliste et grotesque, au regard des images des télévisions internationales ainsi que celles diffusées par les chaines nationales.L’attitude du Président Sassou ne surprend guère, il est et demeure l’auteur du « coup d’Etat permanent » sous lequel il maintient le Congo depuis 1997 et qui est caractérisé par l’organisation d’élections truquées depuis 2002.
C’est le moment de féliciter le peuple congolais pour le grand courage dont il a fait montre ce 12 juillet 2009, en refusant d’avaliser la mascarade électorale du Président candidat. C’est pour cette raison que dès à présent, que je me tiens debout avec le peuple qui, bravant la peur, se bat avec lucidité et détermination afin de s’approprier son destin.
Enfin, le dialogue entre les forces vives de la nation demeure me semble-t-il, l’unique moyen de réinventer un nouveau consensus national, de conclure un nouveau contrat social afin d’éviter une implosion sociale qui suivrait fatalement, les avertissements réitérés qui viennent du peuple. L’autisme dont fait montre M. Sassou et les siens, ne paient pas en politique comme ailleurs et je rends M. Sassou et son système comme seuls responsables des conséquences regrettables d’une telle attitude.
Vive le Congo!
Vivement la Démocratie!
Fait à Brazzaville le, 22 juillet 2009
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