CONFERENCE DE PRESSE du 24 AVRIL 2009 à BRAZZAVILLE
Avant de m’envoler pour Pointe Noire, j’ai tenu la veille une Conférence de Presse dans la capitale congolaise, la toute première après les assises de la honte. Conférence dont voici la teneur.
Mesdames et Messieurs de la Presse,
Depuis que j’ai été désigné comme candidat à l’élection présidentielle de 2009 par mon parti, l’U.PA.D.S, j’ai entrepris d’aller à la rencontre du Congo réel, celui que le Congo légal ignore et méprise. J’ai été successivement à Impfondo, Pointe-Noire et à Dolisie. Il est peut-être trop tôt pour dresser un bilan définitif de ces voyages à l’intérieur du pays. Mais d’ores et déjà, mes premières impressions confortent la certitude que j’aie sur la soif de changement de nos compatriotes.
Volontairement, j’avais choisi d’aller là où la caravane de la municipalisation accélérée était passée pour prendre la mesure des supposés progrès réalisés sur la voie du développement dans ces trois (3) départements de notre pays suite aux investissements publics massifs surévalués faits par le Gouvernement de la Nouvelle Espérance. Le résultat est proprement scandaleux. A Impfondo, à Pointe-Noire ou à Dolisie, aucun emploi durable n’a été généré par la municipalisation accélérée, la qualité de la vie ne s’y est pas fondamentalement améliorée. Au contraire, j’ai eu le sentiment d’avoir visité des parcs d’éléphants blancs ! Ici, une école abandonnée, là un centre de santé dans l’herbe, là-bas un siège de la préfecture confisqué par la nature ! Comment a-t-on pu arriver à de telles politiques ?
La Décentralisation eût été la meilleure politique, on a préféré la contourner ! Les autres départements non visités par la Nouvelle Espérance et saisis du sentiment légitime d’injustice de la Nation à leur égard ne devraient pas être mieux lotis.
D’importantes sommes prévues pour ces investissements ont pourtant été encaissées totalement par les entrepreneurs de la Nouvelle Espérance et aucun chantier n’est arrivé à terme. Ces braves entrepreneurs qui sont souvent passés d’un département à l’autre dans la caravane de la Nouvelle Espérance ne sont ni inquiets ni inquiétés ? Ici l’impunité a atteint son paroxysme. C’est véritablement la marque de fabrique de la Nouvelle Espérance !
Mesdames et Messieurs de la Presse,
J’ai voulu commencer mon propos par l’évocation des souvenirs de mon carnet de voyage pour arriver à la conclusion que la Nouvelle Espérance est condamnée et ses tenants disqualifiés moralement, politiquement, voire juridiquement, pour conduire les affaires de notre pays. Le Peuple n’en veut plus ! Il l’a exprimé à l’occasion des élections législatives de 2007 et des élections locales de 2008. Lors de ces deux (2) scrutins, des taux d’abstention record ont été enregistrés surtout dans les fiefs du pouvoir. Ce peuple héroïque, ce que j’appelle le peuple réel confronté à la cherté de la vie qui contraste avec l’arrogance des nouveaux riches, n’est pas masochiste au point de vouloir prolonger son bail de 7 ans encore avec en prime la misère, l’incertitude du lendemain et l’injustice. NON, ce peuple là a choisi la rupture. Et, fait rarissime dans notre jeune histoire politique, ce peuple a choisi le silence pour manifester, pour crier sa rage contre celles et ceux qui nous gouvernent et qui font quotidiennement la « une » des grands magazines du monde entier par leur extravagance ou leur enrichissement soudain.
Dès lors, je ne suis pas surpris de voir ces hommes et femmes s’accrocher désespérément au pouvoir, en utilisant toutes sortes d’artifices légaux. Le refus du dialogue n’est que la conséquence de cette incapacité à convaincre notre peuple déjà suffisamment informé grâce aux nouvelles technologies de l’information et par son vécu quotidien fait de pénuries, de privations, d’exclusion et d’injustice. Le vrai faux dialogue qui vient de se tenir, en réalité vrai monologue, n’a donné, comme il fallait s’y attendre, aucun résultat positif pour obtenir une élection transparente, libre et démocratique. L’histoire retiendra des participants à ce monologue leur responsabilité dans la perpétuation d’un régime honni, de la mal gouvernance et de la corruption systématique érigées en système de gouvernement et dont les conséquences sont : les déficits chroniques et insupportables,
*en eau,
*en électricité,
*en soins de santé primaire,
*en éducation de base,
*en infrastructures de communication,
*en cadre de vie,
*en valeurs morales et
Bien entendu, le communiqué final de ces assises de la honte conforte notre sentiment du déni démocratique par l’actuel Chef de l’Etat et son clan au pouvoir. En s’opposant à la désignation par l’Opposition de Madame Aimée GNALI MAMBOU au poste de Première Vice-présidente de la Concertation politique et en rejetant l’ordre du jour consensuellement arrêté par l’Opposition et le pouvoir, le Président Dénis SASSOU NGUESSO s’est octroyé un droit de véto contraire à l’esprit de compromis. Les dés étant pipés, le Front des Partis de l’Opposition n’a pas cru utile de participer à cette auto-célébration. L’égo-présidence a, une fois de plus, accouché d’un monologue, ce qui n’attenue en rien l’angoisse légitime du peuple face à l’élection présidentielle à venir.
L’échec du dialogue nous éloigne de la construction de la paix prétendument chère au Président Denis SASSOU NGUESSO. Ne nous trompons pas. Pour lui, la Paix n’est qu’un slogan destiné à intimider les Congolais sous fond de traumatismes encore vivaces dans les mémoires. En d’autres termes, si vous ne votez pas pour lui, la guerre reprendra, et vous regagnerez vos forêts et vos savanes, ce qui explique certainement ces achats massifs d’armes de guerre, leur exhibition et les multiples manœuvres militaires à travers le pays.
Face à ce refus du dialogue attribué cyniquement à l’Opposition, j’appelle notre peuple à reprendre ses droits et à exiger une élection transparente et équitable. Ce peuple et, avec lui, l’Opposition, avaient espéré un sursaut patriotique de la part du Président de la République pour privilégier l’intérêt national. Nous attendions le Président de la République au rendez-vous de l’histoire politique de notre pays. C’est le candidat Denis SASSOU NGUESSO qui s’y est présenté et a imposé sa loi, la loi du plus fort, celle fabriquée par sa majorité issue du pays légal.
Quelle imprudence que de s’abriter derrière la Constitution ou les lois liberticides pour rejeter tout compromis politique !
Comment un Président de la République, fût-il candidat à sa propre succession, peut-il accepter, sur l’ensemble du territoire et surtout dans ses fiefs électoraux, que le nombre d’électeurs soit supérieur au nombre d’habitants ? Comment peut-il justifier la non publication du résultat du recensement général de la population et de l’habitat réalisé en 2007 ? Comment peut-il s’accommoder d’un corps électoral manifestement fantaisiste ? La tricherie serait-elle devenue une valeur sous l’ère de la Nouvelle Espérance ?
Je dis bien imprudence car le Président lui-même, en pratiquant le coup d’Etat permanent, par le viol systématique et conscient de la Constitution, sa Constitution, l’a rendue presque caduque. En effet, le Président de la République qui a délibérément prolongé son mandat de près de quatre (4) mois, en refusant de prêter serment vingt (20) jours après la proclamation des résultats par la Cour Suprême (Cf. article 68), et qui refuse de déclarer son patrimoine (Cf. article 48) ou d’habiter la résidence officielle à lui affectée (Cf. article 73 al. 4), le Président de la République, dis-je, n’a aucune leçon de civisme à donner à l’Opposition, elle, qui a été placée devant le fait accompli par le Président de la République pourtant garant du respect de la Constitution.
Par ailleurs, le Gouvernement, seul maître du calendrier politique congolais, a attendu le mois d’avril 2009, c’est-à-dire deux (2) mois avant l’échéance constitutionnelle, pour enfin « accepter » d’aller au dialogue ; alors que toutes les forces vives de la Nation la réclamaient depuis 2007, suite à l’organisation chaotique des élections législatives.
Le pouvoir a manifestement joué la montre joué comme ce gardien de but qui prend des minutes pour dégager un ballon lorsque son équipe mène au score.
Dorénavant, je traiterai le Président SASSOU en candidat à l’élection présidentielle, car il a perdu sa qualité de Chef de l’Etat et, encore plus, celle de Président de la République. Le candidat Denis SASSOU NGUESSO est désormais en campagne ouvrant ainsi, avant terme, l’entrée de tous les autres candidats en campagne.
Pour sortir de l’impasse ainsi créée, un second round des négociations est plus que jamais nécessaire. Personne ne doit s’imaginer que l’élection présidentielle se fera sans l’Opposition et selon les lois dictées par et pour l’un des candidats. Qu’on ne se méprenne pas sur ma détermination à aller au bout de ce combat. 2009 ne sera pas la répétition de 2002 ! L’évidence même, c’est que les temps ont changé, n’en déplaise à une certaine presse. C’est l’intérêt de notre pays et de notre peuple. Nous ne laisserons pas le pays réel être confisqué par le pays légal, les deux doivent se marier.
C’est le moment de s’investir dans ce noble combat démocratique… C’est le moment !
Enfin, Mesdames et Messieurs de la Presse, je vous remercie pour votre bien aimable attention.
Vive la démocratie !